La plage s’étendait à perte de vue. Hombre venait toujours ici. Enfin, a chaque fois qu’il réfléchissait à tout et rien. Seule la mer accompagnait le tonitruant bruit qui s’échappait de la cote. Les vagues coulaient l’une après l’autre, après l’autre continuellement, cycliquement, sans que personne puisse y changer quelque chose…
La vie de Hombre devenait lassante. Monotone, ennuyante voire même comme celle de tout le monde. Kyo commençait à l’énerver, à toujours faire des blagues nulles, et à la coller.. Son comportement était insaisissable. Tout en lui lui échappait. A force de le voir, elle le trouvais à peine beau. De voir son visage chaque jour lui avait suffit à s’y habituer, et le côtoyer chaque seconde avait suffis à l’énerver. Elle voulait fuir, s’échapper, à la recherche d’une vie moins entourée, et une vie heureuse, qui n’est pas sous contraintes. Mais étais-ce possible…
Yuko, elle qui de loin, de nulle part, et de partout la suivait, l’observait, voyais ce qu’elle voyais, comprenais ce qu’elle comprenais, elle était dans sa tête, dans ses rêves… Commet, pourquoi ? Toujours les mêmes questions, toujours sans réponse. Hombre avait retrouvé déjà quelques fragments de mémoire, et commençait à se souvenir de chaque chose qu’elle a vécu. Le tout était de plus en plus clair… Seulement, jamais elle n’a vu Yuko. Jamais. Qui qu’elle soit, mère, père, autre chose vivante sur terre, elle n’a jamais croisé son regard.
Une nouvelle question vint alors. Yuko, était-elle sa mère, ou pas ? Est ce que les souvenirs qu’elle a sont les siens ? De plus, Hombre n’avait jamais vu son visage dans aucun miroir dans ses souvenirs. Hombre est-il Hombre ? Hombre est-elle Hombre ? Elle se méfiait de chacun des souffle de vent, chacun des brin d’herbe, chaque rayon de soleil. Paranoïa… Confiance en rien.
Elle marchais désormais vers la forêt, au bord de la plage. Au passage, elle ramassa un caillou, puis elle se dirigea vers un bloc de pierre qui tenait en respect forêt et mer. Elle y grava quelques mots, de désespoir, d’envie… Simple, trois lignes séparées de deux virgules, finies par un point, de simples adjectifs accompagnée de leur substantifs… Le tout donnait une parole envoûtante, et servait inexorablement à atténuer le désespoir de Hombre. Elle gravais à la craie rouge sang sur une pierre blanche, laissant des cicatrices de désespoir.
Elle lança la pierre en forme de lame sur le sol, pour ensuite ramasser une feuille d’un arbre des alentours… Elle découpa habillement de son ongle du pouce un petit papillon, taillé à partir de la feuille verte. Elle le posa à coté de la cicatrice. Un papillon et un espoir l’un a coté de l’autre. Le vent, puisant, souffla le papillon, qui s’envola.
Et Hombre continua son chemin, le ciel caché par les arbres. Oublie, désir, envie.
Et Hombre monta dans l’arbre, à la vue du bleu. Un désir d’oublier l’envie…
Elle chantonna doucement les quelques paroles qu’elle avait apprit :
Sang noir, nuit rouge
Nuit noire, sang rouge
Sang rouge, sans noir
Nuit noire, sans rouge
Sans breuvage, la nuit vous est faible
Ô ! Maître des ténèbres
Le texte n’était pas de lui. Mais il rendit hommage à celle qui le lui avait montré et apprit.
Merci à toi, talentueuse jeune fille.
Elle ne l’avait jamais croisé, jamais entendue. Mais Hombre aurait bien aimé, juste une fois l’écouter, l’apercevoir de sa vraie chaire… Mais encore une fois, c’était impossible, tout un monde, une distance, une autorité des lois l’interdisait. Dommage…
Et Hombre pensa à quelque chose d’inhabituel : L’amour. Avait-elle aimé quelqu’un dans sa vie, avait-elle eu le cœur brisé deux fois dans sa vie ? Elle ne se souvenais de rien non plus à propos de tout ça. Mais elle sentait au font d’elle une peine encore présente. Pour qui, pourquoi ? Aucune idée, mais le sentiment d’amertume lui indiquait qu’elle devait souffrir. Elle en rit. Tout ceci était paradoxal : Elle souffrait pour quelqu’un dont elle n’a plus le souvenir… Etrange, et a la fois intrigant. La première idée qui lui vint dans la tête était un malheur du à un amour impossible, pour diverse raison. Mais son subconscient lui disait qu’elle aimait, et qu’elle était aimé en retour. Mais que le tout était impossible. Ça lui rappela un poème en prose sur un loup amoureux de sa lune. Les vers se retraçaient dans sa tête :
Le noir du jour, Rouge de la nuit,
Lumière des ténèbres, éclairant le sang,
Que je regarde, qui me transforme,
Toi que j’admire, Ô ma lune.
Un soir d’automne, dans la nature,
Dans la forêt, seul dans les arbres,
Sur cette branche, tu apparaît,
Toi que j’admire, Ô ma lune.
Quand tu apparais à ma peau,
Je change, me métamorphose,
Par respect pour ta grandeur,
Toi que j’admire, Ô ma lune.
Je mords, j’arrache, je savoure,
Chaque morceau de chair,
Qui passent sous mon croc
Par malchance…
Et toi que j’admire, ma lune,
Tu disparais derrière les ténèbres,
Je redeviens humain, pleurant…
… Devant ce que j’ai fais…
J’ai tué de mes dents,
Pleuré se mes yeux,
Tout ça de ta faute,
Toi que j’admire, Ô ma lune.
Hombre n’aimait pas ce texte, elle le trouvait trop personnel, sans raisons. Mais elle l’approuva pour la généralité.
Elle retourna vers la mer, passant devant un cadavre de papillon, en forme de feuille. Et la craie s’était envolée. On pouvais lire dans le ciel les quelques paroles :
Bras ensanglanté,
Espoirs inutiles,
Amour…