Nemesis : le couvre-feu

Sur la double porte menant au couloir du Dortoir des élèves est affiché un parchemin disant ceci :

"Suite à un problème de sécurité dans la zone du Quartier Nord du Houmei Kongen, les élèves de la Cinquième Division sont consignés dans leur chambre jusqu'à nouvel ordre. Un Officier viendra les prévenir quand le couvre-feu aura cessé. En attendant il est interdit aux Aspirants et aux Genins de passer outre cet édit. Restez calme, nous vous préviendrons ultérieurement de l'évolution de la situation.

Nariko Soya, Chuunin de la Première Division et assistante du Capitaine Kira Isshin."

[Mission^^]

« Enfin mon jour de repos ! Vive la liberté ! Vive la vie ! »

Keisuke pouvait enfin prendre une journée de repos, l’enseignement à la 5ème division n’est pas ce qu’il y a de plus difficile, mais ce n’est pas non plus ce qu’il y a de plus passionnant. Et puis le jeune homme n’avait jamais été très doué pour tout ce qui entre dans un cadre d’apprentissage… Alors il allait d’échecs en échecs et se mettait à déprimer. Son rêve c’était la 4ème division, mais il n’avait pas encore le niveau pour commencer l’enseignement dans cette division. Prenant donc son mal en patience, Keisuke travaillait comme il pouvait et profitait de ses jours de repos pour… Pour quoi en fait ? Pas d’amis, pas d’argent… Il ne faisait rien d’autre que marcher dans les rues et attendre que le temps passe. Mais il faut toujours garder un peu d’optimisme, ce n’est pas pire que pendant la guerre, parce que sinon c’est le suicide assuré.

Le Genin de la 5ème division renonça à son pyjama bleu ciel avec des nuages blancs pour enfiler le kimono de sa division, accrocher une besace en bandoulière dans son dos, et cacher son petit tantô à l’intérieur d’un repli de son kimono. Sait-on jamais. Il se sentait débordant d’énergie, mais d’une vue extérieure, il avait toujours l’air d’une carpette usée. En clair : des cernes jusqu’en bas des joues, les yeux légèrement rougis, les traits tirés et les cheveux en bataille. Et alors qu’il sortait, il tomba nez-à-nez avec un message accroché à la porte.

« Sui… Suite à… un… pro… problème de sé… cu… ri… té… d-d-dans la zo… zone du… quartier nord […] con… signés dans leur… ch-chambre ?! »

Keisuke se sentit tomber dans un abîme de souffrance profond et obscur. Ou alors il en faisait un peu trop. En tout cas, il ne comprenait pas ce qui pouvait l’empêcher d’avoir droit à son jour de repos. Ce devrait être interdit d’empêcher les jeunes gens de son âge faire la fête ?!... Ou de rien faire de particulier, en ce qui le concernait. Ne sachant que faire, il resta planté devant la porte en observant le couloir. Personne. Il n’avait pas le droit de sortir, mais il n’y avait personne pour l’empêcher de le faire…

« Je suis… un rebelle !!! »

Après de longues minutes d’auto persuasion et de conflits internes sur le thème « être un rebelle c’est trop cool, c’est la belle vie, la liberté, les jolies filles » et « être un faux intello coincé qui s’ennuie à crever ça permet d’avoir des promotions et d’arriver plus vite à la 4ème division », Keisuke choisit la voie du danger et de la rebelle-attitude parce qu’à 21 ans il serait temps de faire sa crise d’adolescence ! Alors, il poussa la porte doucement et avança sur la pointe des pieds le long des couloirs. Passé les premiers frissons de peur et de plaisir de désobéir et de devenir un « mec cool », Keisuke se rendit compte que finalement il n’était qu’un gros naze qui avait du mal à lire un panneau en papier et qu’aucun des officiers qu’il avait croisé jusque là ne lui avait prêté la moindre attention. Il tomba alors à genoux, la mine sombre, en tapant le sol de son poing.

« Ah ! C’est pas possible ! Pourquoi suis-je né comme ça ? Je ne mérite pas de vivre ! » *pif* *pif* *pif* ( onomatopée des coups de poings par terre, remarquez la puissance qui s’en dégage ) « Bon sang… Quelle déprime ! Je veux mourir ! » *pouf* *pouf* *pouf*

Une fois le coup de déprime passé, Keisuke se releva, se moucha, et poursuivit son chemin vers la voie sombre et enflammée du rebelle. Il était trop tard pour faire demi-tour et revenir vers l’innocence des aspirants et genins du dortoir. Il était passé… de l’autre côté de la porte. En tout cas, de sa position d’être misérable et insignifiant, il put capter la conversation de deux personnages qui passaient par là.

« Tu savais que le capitaine Isshin a été attaqué il y a peu ? Un ninja maîtrisant le Hyouton l’aurait attaqué par surprise et l’aurait empoisonné alors qu’il revenait d’un bar… »
« Il n’aurait pas plutôt fait un coma éthylique et raconté ces bobards pour expliquer les glaçons qu’il avait fait tomber de son verre de saké ? »
« Mais non ! Il n’aurait pas fait ça quand même… »
« Je suis certain qu’il en serait capable… »
« Arrête tes conneries, le capitaine Koichi se serait même déplacé avec une autre sous-fifre de la 6ème division. C’est pas n’importe quoi ! »
« C’était qui cette sous-fifre avec le capitaine Koichi ? »
« J’en sais rien moi… J’te répète ce que j’ai entendu. »

Le Jeune homme n’en revenait pas, aucun des deux hommes n’avait eu le moindre petit geste en sa direction, même pas un salut… rien ! Ils ont continué de parler comme si de rien n’était ! Mais ils parlaient de quoi en fait… ? Rien d’important probablement. Keisuke profita alors du calme ambiant pour aller se balader au sein du Houmei !

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