Je ne sais par quoi commencer. Me décrire ? Décrire mon environnement ? Je puis aussi vous conter la vie et l’histoire de mon clan ou de ma famille. Je puis très bien, dans un autre cas, vous raconter toutes sortes d’anecdotes qui se sont passées en mon enfance ou encore vous relater dans les détails les plus débonnaires mes actions présentes. Je pourrais aussi vous expliquer quel est ma position en ce monde et pourquoi mes idées auraient suivies un tel chemin.
Mais je ne me souviens plus, ou à peine, de cette partie de ma vie qu’est l’enfance. Je ne suis plus très jeune, sans être vieille. Je prends en sagesse ce que je perds en souvenir malgré l’acuité de ma mémoire. Comme quoi nous pouvons dire à tous ces beaux parleurs qui un jour on répété la phrase « On n’oublie jamais rien, on vit avec » qu’il est possible d’oublier certaines choses, avec du temps et l’absence d’envie. Et si je pouvais tout de même parler de tout ce dont je me souviens, tant des rares souvenirs qui me viennent encore à l’esprit que de ceux dont je me souviens parfaitement, ceux qui s’étendent au de-là des barrières de l’oublis, plus récents. Mais je ne le ferai pas, car je ne considère pas cela utile en ces temps-ci. Un autre jour, peut-être, me prendrais-je à écrire mon autobiographie, sur une feuille de papier à la lueur d’une bougie avec un pinceau trempé dans de l’encre noire ou rouge foncé. Pas aujourd’hui, pas par simple pensée.
Je n’ai pas plus envie de parler de mon clan. J’en parlerai bien assez par la suite pour que vous compreniez mon avis. Oh, je ne vous demande pas de l’accepter. L’acceptation s’imposera d’elle-même à vous de toute façon. Je ne vous forcerai à rien… Jamais directement. Ce qui revient à garder des options de départ trois d’entres elles : Ma propre description, mentale et physique, et celle de mon environnement et la narration de mes actions actuelles.
Personne ne donnera jamais de description totalement objective de moi et de ma beauté. Je suis belle ! Et je le sais. En fait, c’est génétique. Je ne fais pas partie d’un clan pour rien. Ma longue chevelure blonde retombe lentement sur mes épaules sans faire de détour. Elle a la couleur des blés dorés au soleil, lumineuse et chatoyante, souvent tressée ou ramenée en une simple et longue queue qui glisse entre mes reins. J’ai les yeux noirs, d’un noir que l’on pense souvent dû à mon statut de jinchuriki. Nous y reviendront plus tard mais c’est vrai que Nekomata n’y est pas pour rien dans la couleur profonde et mystérieuse de mes yeux. Ma peau est assez pâle sans être d’un blanc cassé maladif. Non, elle est rosée, juste ce qu’il faut, sans être bronzée. Kumo n’est pas le meilleur endroit pour se refaire un teint d’été même si nous ne manquons pas de soleil. Je ne me vois jamais marcher mais j’ai, paraît-il, une allure féline qui colle parfaitement à mon corps trop bien proportionné pour être réelle. La taille de mes seins n’est pas gigantesque ou très voyante mais ils sont tout de même bien gâtés par la nature ; quant à mon corps, j’ai la taille fine et les hanches peu saillante, les fesses fermes et rebondies, les jambes belles tout en étant musclées, les bras et les mains délicats.
Je pense avoir fait le tour de mon physique, que je ne cache jamais sous des vêtements trop amples. Même mes vêtements de juunin de Kumo sont assez saillants pour dévoiler mes formes exquises. On ne tarit pas d’éloges au village, sur la beauté des membres du clan Heika. C’est ça, le sang et l’hérédité des clans ninjas… chacun sa particularité. Et je suis sûrement la plus célèbre de ma famille.
Mon mental ? Hm… Comment pourrais-je me décrire mentalement ? Cela requiert un avis extérieur alors vous n’irez qu’à soit trouver quelqu’un qui me connaisse assez bien pour voir la vraie féline qui est en moi, soit… tenter de me connaître par vous-même. Et je vous dis bonne chance sur ce coup-là. Peu de gens y sont arrivés et je me suis toujours fait un plaisir à ne laisser personne m’approcher de trop près. On ne pénètre pas dans mon territoire sans en subir les conséquences. Lourdes conséquences…
Je suis, comme dit plus haut, la porteuse du nibi. Nekomata vit en moi, et y vivra jusqu’à ma mort. Nous ne nous entendons pas toujours comme les deux doigts de la main, mais mon caractère est étrangement assorti à celui du félin démoniaque, qui aime le sang, la mort, les ombres mais surtout le jeu, la ruse et la chasse. Et je dois avouer que tout cela me plait… Il déteste la pitié, les faibles et ne semble avoir peur de rien. J’ignore si son caractère m’influence, mais il a toujours été très proche du mien, et ce depuis le début.
Kumo no Kuni est mon village. Ses montagnes, ses nuages, sa foudre, ses habitants, ses maisons, son château, son raikage… Tout m’est désormais familier, j’y ai toujours vécu et ne l’ai quitté que pour les missions qui minent ma vie depuis que je suis passé au rang genin, depuis que je puis véritablement me qualifier de ninja. Je n’avais jamais douté échouer, non. C’était ma famille qui me rabaissait et m’encourageait à lâcher prise, à laisser tomber. Ils y sont presque tous ninjas, sauf ceux qui n’ont jamais eu foi en Kumo et en son raïkage, sans cesse de taire leur pensées, de peur de se voir traiter de traîtres ou quoi que ce soit qui sorte de leur imagination plus que fertile en matière de complots et de manigances.
Nous vivons dans une grande demeure de pierre, qui ressemble un peu au château du raïkage mais plus petite et plus, beaucoup plus, décorée. Il n’y a pas un seul mur où l’on ne trouve pas un portrait, une peinture, une statue ou une tenture d’un tissu fin et coloré. On ne remarquerait même pas, vu de l’intérieur, que ce bâtiment est formé de pierre, austère. Tout en son cœur est voué à l’art et rien n’a été laissé au hasard. C’est ma mère qui en fut la décoratrice de sa génération, ma cousine reprendra bientôt le flambeau. Tout change et se modifie, pour pouvoir exposer les plus belles œuvres découvertes au fur et à mesure. Si tous les pilleurs ne mesuraient pas leur vol dans le poids de l’or qu’il arrivaient à ramener, notre maison serait une véritable caverne aux merveilles. Mais personne ne semblait assez intelligent pour voler ces beautés et les revendre, alors que par le monde, elles vaudraient certainement leur pesant d’or.
Ou alors ceux qui n’osent pas pénétrer chez nous sont très intelligents… Car si nous même sommes pilleurs de tombes ou sanctuaires à nos heures, nous sommes tout de même des ninjas… pour certains. Acte sage donc ou simple flemme ? Personnellement, je me fous totalement de la réponse. Le premier qui touche à nos affaires, je le capture, je le torture et je le tue ensuite. J’aime beaucoup la façon dont Nekomata dévore les âmes de ses victimes… Ce serait un châtiment tout à fait convenable pour l’acte abominable qui revenait à ôter de notre vision une si belle chose que cette peinture ou cette sculpture devant laquelle je passais depuis quelques mois déjà. Elles ne tarderaient pas à trouver une nouvelle place, bientôt, ailleurs dans une autre aile, un endroit plus ou moins peuplé, cela dépendant de l’avis de la décoratrice.
Je suis effectivement dans l’un des couloirs. Je sors de ma chambre, prête pour m’en aller rejoindre mon poste, dans l’attente d’une mission, au cœur même de Kumo no Kuni. Le bâtiment semble désert aux premières lueurs de l’aube. Je n’aime effectivement pas voir ma famille alors que je m’en vais pour une journée loin d’elle. Leurs regards condescendant m’énervent. Ils me jugent parce que je porte nibi en moi, partagé entre le dégoût et la répulsion de me loger encore. Dans un sens, je suis devenue l’une des plus fortes jounin de Kumo, et cela ils le savent. L’estime que le village avait de notre clan n’a fait que grandir. Avant, on nous voyait beaux, charmants et perdus dans la beauté et l’art. Maintenant, ils ajoutent les caractéristiques : intelligents et forts. Il a fallu mon retour de la forêt de la mort pour qu’enfin les habitants ouvrent les yeux sur notre vraie nature. Je n’en suis pas peu fière.
Ma démarche est conquérante, alors que je pose un pied à l’extérieur de la demeure. J’aime ma maison, mais pas les gens qui y vivent. Il me faut traverser les jardins également. Ils sont… cools, ces jardins. Pas aussi beaux que l’intérieur de la demeure et c’est plus un terrain garni de statues d’extérieur que des jardins… Mais c’est chouette, de s’y promener de temps en temps.
Je sors finalement et j’arrive dans le village, après quelques minutes de marche. Kumo se réveille, encore perdu dans les ombres des montagnes. Il y fait froid et rude. On dit que les montagnards sont rudes mais ils ne font que se plier à leur climat et leur habitat. Certes, ils ont des règles impitoyables, telles que celle d’abandonner à la naissance un prématuré ou un enfant infirme ou encore de couper la main de celui qui volera ce qui ne lui appartient pas, mais c’est nécessaire pour survivre dans ces montagnes. Les règles ninjas ne sont pas moins impitoyables. Et je ne vous parle pas des temps de guerre.
Voilà comment je commence généralement mes journées. Je sens Nekomata réclamant du sang. Ce chat est parfois trop gourmand et impatient. Si je lui tiens tête ou lui refuse un de ses caprices ( et il me faut souvent une très bonne raison pour ça ), il me boudera des jours entiers. Et lorsqu’il boude, ce n’est pas en se cachant dans un coin et en paraissant tout petit, non. Ce serait plutôt en m’harcelant de sa présence tout le temps, sans retenue et même si cela doit me mener à la mort dans une mission plus que périlleuse.
Ahhh… les chats…
C’est pire que des mules, parfois !
Sujet: Demeure des Heika 
Sam 19 Mai - 2:47
