Laïre Tai

I – U . N . L . I . B . E .R .T .Y
Un soir d’hiver, toujours à la même période de l’année, qui s’écoule tel identique à l’eau versé sur une terre meurtrie par le temps dans l’espoir que celle-ci aie un teint éclatant, dans un jour nouveau, je me tenais là, assis dans ma chambre. Le vent de la nuit me frigorifiait, et me donnait l’impression que mon corps ne m’appartenait plus, qu’il m’était fort étranger. Je n’avais plus aucun contrôle sur mon corps, comme le monde auquel j’appartenais. J’avais peut-être 4 ou 5 ans, ou bien plus, je ne me souciais plus du temps depuis qu’elle me rencontra. Mon lit était défait, la couverture qui devait me border cette nuit embrassait le sol avec mépris. Elle était blanche, déchirée par mes mains. Je lui avais insufflé de la vie pendant un cours instant, elle aurait pu souffrir intensément si elle était dotée de mobilité, comme à chaque nuit de pleine lune, mes crises de folies gagnaient un peu plus de terrain sur ma raison, ma mémoire.

Je ne me souviens plus de certains fils de mon enfance, je suis certain d’avoir appris à parler, à marcher, je suis certain d’avoir vécu une autre vie mais je ne me souviens plus du contenu. Ma mémoire est si lacunaire...

Mon corps chétif se laissait submerger par l’obscurité suffocante de la chambre, ma peau devenait inerte à l’instar des cris strident de la tempête s’amplifiaient. Mon regard perdu dans le vide, je me souvenais de celle qui avait causé ces crises fréquentes de folies, celle qui avait fait de ma vie un tourment de souffrance et d’inconscience.
A Konoha, les gens s’interrogeaient de plus en plus sur la mysticité de la famille Tai. Ils n’étaient pas originaires du pays de la feuille, en réalité ils venaient du pays de la neige. Mais ce n’est qu’un détail, cela faisait 2 générations qu’ils participaient à la vie économique, sociale et politique du village. Le lieu de leur habitation restait jusqu’à la guerre, ou si je puis dire la « purge », inconnu. L’Homme de la famille était fort de caractère et participait à la modernisation et à l’élaboration des plans de nouvelles infrastructures qui dans un premier temps, devaient servir de défense militaire. Le peu de chose qu’on savait alors était qu’il avait une épouse et un fils, enfermés à jamais dans ce qu’il leur servirait de tombe.

Dans cette habitation, retirée de la réalité, où le temps se fige, j’y vivais avec ma mère, moi Laïre. Je suppose que ma psychologie peut-être aisément déduite, c’est évident mais parfois il est difficile d’expliquer ce qui nous paraît certain. Dans cette maison, un de mes plaisirs étaient de passer mon temps à errer dans les longs couloirs qui menaient toujours à la même destination. Peu importe, l’ennui devenait tellement omniprésente qu’il fallait, il se devait de trouver un passe-temps. J’essayais de ne jamais refaire le même parcours tous les jours. J’espérais un jour miraculeux que mon chemin s’arrêterai en rencontrant une personne, un rêve. Oui, un rêve qui n’eut jamais l’obligeance de se concrétiser. Moi, et ma solitude formions un couple dans l’unité et l’immortalité. J’étais alors sûr que le monde extérieur, tout ce à quoi j’avais en rapport dans cette maison, je pouvais avoir un contrôle plus ou moins efficace. C’était comme-ci j’étais le roi d’une nation que j’avais érigé moi-même, qu’il n’y avait personne mis appart moi pour pouvoir me vénérer comme il se devait. J’étais le roi de ma propre bulle, bulle qui ne vivait plus d’air, pas d’oxygène … de… J’ai plaisir à entendre me dire ce mot : « vide ».

Je savais que mes actes devenaient chaotiques, que mes pensées se désarticulaient mais que pouvais-je faire de plus à part laisser la solitude me violer ? J’étais jeune, je n’ai jamais eu la possibilité de pouvoir toucher à un livre, pouvoir rêver d’un monde différent duquel j’ai fusionné sans consentement. Oui rêver, car lorsqu’un enfant n’a rien comme moteur de procuration de bonheur, il s’adonne qu’à une et même tâche. J’ai pu rêver quelques fois quand j’en étais encore au stade de fouiller de fond en comble les couloirs, mais je ne me serai jamais douté qu’on m’aurait redonné une chance.

La nuit, la tempête de neige qui enneigeait ma chambre s’estompa, comme un éclair qui vient briser le calme, la stupeur d’un paysage aphrodisiaque.

« Ce n’était encore que ma bien-aimé solitude qui posa ses lèvres sur ma raison… »

II – R . E . N . A . I . T
L’aube mangeait la nuit avec voracité, quant à moi, j’étais troublé par ces sonorités que je n’avais jamais encore entendues. Mes oreilles me brûlaient énormément, et je fis quelque chose que je n’avais jamais fait auparavant. Mes mains se posèrent sur mes oreilles, et le bruit bourdonnant qui se répétaient, encore et sans cesse diminuait et malgré mes efforts, il perdurait. J’ouvris les yeux, comme-si je me réveillais pour la première fois, comme ce jour où j’entendis ces étranges voix dans la maison. Curieux, plein de questions envahirent mon esprit. Pourquoi le sol tremblait, pourquoi soudainement faisait-il plus chaud ? Mes poumons fragiles semblaient furieusement en colère face à cet air néfaste que j’inspirais… Je souris car je pouvais encore rêver.
Même encore aujourd’hui, je me demande comment ai-je pu vivre ainsi. Je savais que j’avais des parents, j’ai une vague mémoire de ce qu’ils avaient pu ressembler mais le temps me faisaient perdre raison et effaçait doucement mais certainement le peu de mémoire que je possédais. Mais à partir du moment où j’ai commencé à rêver, à partir du moment où j’ai pu connaître mon libérateur, à l’instant où les barres de ma prison fondirent, j’eus pris la décision que si quelqu’un me donnait une raison de vivre, je n’y réfléchirais pas à deux fois et acquiescerai sans répondre.
Mes mains étaient rouges, d’une couleur qui m’était familière, qui causait en moi une excitation précoce. Alors que le sol continuait de trembler, je m’étais approché de cette marre de sang à l’odeur familière qui pénétra dans ma chambre par la porte. Je voyais trembler mes mains, non pas parce que j’eus peur mais parce que toute la maison tremblait, et ceci de plus en plus fort. Je m’allongeais alors sur cette marre de sang, mes papilles gustatives en demandaient encore, elles semblaient aimer ce goût.
Dès ce jour, je compris que mon libérateur fut cette mystérieuse marre de sang. Peu importe à qui appartenait-il, ni qui était le responsable. Ce n’était pas comme-ci on m’avait assigné une tâche, je m’efforçais d’y croire. Quelques instants plus tard, comme un mécanisme, j’oubliais ce pourquoi j’avais pris la décision de faire couleur pourpre sur le sol mon libérateur et qui semblait éveiller en moi des pulsions sexuelles. Je sentais le tissu qui recouvrait mes membres inférieurs se plier, se déformer. Je ne compris pas encore ce qui se passait, mais j’étais certain d’une chose, mon objectif dans la vie serait de ressentir encore et encore ces excitations. Elles me plaisaient et me sortaient de cette monotonie étouffante. J’étais jeune, peut-être précoce, étais-je fou ? Ou le suis-je encore ?

C’était la Renaissance.

J’étais là, dans un nouveau monde, j’étais tellement ancré à ma maison que j’avais peur de la laisser. Je me sentais bien dans ma chambre avec ma solitude, mais faut croire que ce désir de ressentir ces pulsions sexuelles me dominait. Devant mes yeux, se dessinaient des formes étranges, je nommerai bien ces choses, mais j’étais dans l’incapacité. Je m’étais toujours demander à quel moment j’avais appris à parler, à nommer ces images qui me faisaient face mais je n’ai jamais pu avoir la réponse. Figé, je regardais ce portrait ambiant. On voyait la mort, la destruction, la désolation se moquer des Hommes. L’odeur que dégageaient ces gens allongés au sol était intenable, cela me faisait froncer les plis de mon visage. Ces gens avaient du éprouver d’extrêmes souffrances, leur corps étaient pour la plupart déformés. Je posais plein de questions, mais je n’avais aucune réponse. Je ne savais pas quoi faire, mais une voix me criait :

« Fuis, Fuis, tu ne vois pas que ces gens ne bougent plus ? Ils sont inertes, si tu ne veux pas devenir comme eux, fais comme dans la maison, utilise tes jambes pour courir ! »

Plein d’images défilaient rapidement, je courrais et au fur et à mesure je comprenais le monde nouveau, le monde qui se dissimulait derrière les murs de mon foyer. Voilà à quoi ressemble le monde, je n’y voyais pas beaucoup de différences, mais surtout des similitudes. C’était la guerre, Je ne le savais pas encore mais je finirais par le comprendre. Alors que les explosions se faisaient de plus en plus entendre, j’essayais de m’éloigner d’elle mais en vain, elles semblaient se rapprocher. Mon cœur semblait vouloir déchirer la peau de ma poitrine. Il battait de plus en plus fort, peu à peu, je prenais conscience de mes organes. J’étais capable de les nommer. Alors que la douleur de mes genoux me torturaient, j’aperçu un amas de personnes, mené par un étrange individu vêtu d’une façon qui évoquait en moi comme un souvenir enfoui. Tous regardaient l’expression de mon visage, comme quoi, la présence d’autres Hommes m’effrayait un peu.

« Jeune garçon ! D’où viens-tu ? … -Je ne répondis pas.- Peu importe, il faut s’enfuir de Konoha, l’ennemi est proche. Il ne manque plus quelques heures avant que le village ne se réduise à un tas de cendres… Venez par là, il y a une escadre qui nous attends »

Mon corps ne réagit pas. Quelque chose s’approchait rapidement. C’était imminent. Je n’aurais jamais cru que j’aurais pu sentir une présence s’approcher aussi naturellement.
Quelques instants plus tard, tous ces gens étaient morts.

Qui était-il ? Mon Tuteur.

III – S . O . U . V . E . N . I . R . S
Les mots commencent à me faire défauts. Si vous voulez savoir réellement qui suis-je, qui étais-je, qui serai-je, je vous répondrai que brièvement. Tout d’abord, mon tuteur fait parti du Niganmen. En réalité, avant que mon père ne m’enferme dans cette triste vie, à ce qu’il m’apprit, j’étais Genin auprès des ninas du village caché de Konoha. Mon père n’avait jamais accepté que je devienne ninja, c’est pourquoi il me priva d’une vie qui aurait fait mon bonheur. On effaça une partie ma mémoire, et on m’obligea à rester dans l’habitation Tai qui avait été spécialement reconstruite par les mains habiles de mon père. Son génie alla jusqu’au point de créer des salles insonorisées, supprimer tout contact avec la lumière du jour en supprimant les fenêtres. Mère était inconnue, on ne me raconta jamais ce qu’il en était devenu d’elle, personne ne le savait. L’amour qu’elle aurait pu me porter aurait pu apporter un souffle de vie, qui pouvait bien le savoir. Mon tuteur m’avait donné plein de réponses, mais cela n’en changeait rien en mes futurs projets. La haine, le sang étaient à présent mes guides. Pendant une année, je me consacrai à une tâche. Retrouver le Ninja qui sommeille en moi.

Il est temps pour moi d’être heureux, il faut que mes mains se tâchent de sang. Pour que je vive, les autres doivent périr. Je deviendrai Ninja afin d’être Heureux.

|Une voix d’enfant assez mûre chantait en harmonie avec les milles et une bête de la nuit. Il regardait les étoiles, inquiet, il se demandait pourquoi ces lumières lointaines ne tombaient pas sur le monde.|

« Par évidence, le passé n’est pas le présent, même-si toucher les étoiles est digne de l’acte et la volonté des dieux, on ne peut plus redonner vie à ce qui fut consciemment »